Une fois n’est pas coutume, l’occasion suite aux découvertes de l’historienne Marion Sigaut sur l’affaire des Poissons, de faire un peu d’histoire…
En mai 1750, une rumeur persistante faisant état d’enlèvements d’enfants mis Paris en émoi. Les gens disaient que des agents de police déguisés s’emparaient d’enfants et d’adolescents et les envoyaient à l’Hôpital général. Des émeutes graves éclatèrent, des commissariats furent incendiés et des gardes tués. La répression de cette « Marche rouge » fut sévère et se solda par des condamnations à mort. Mais qu’était donc cet Hôpital général de sinistre réputation ?
Fondé en 1656 par Louis XIV, il était destiné d’abord à résoudre le problème de la mendicité par le « renfermement » des mendiants. Mais très vite cet établissement laïque géré par le parlement de Paris fut également utilisé pour enfermer d’autres catégories de population : les prostituées, les ivrognes et bientôt les enfants abandonnés, ou confiés à l’institution par des parents sans ressources, puis ceux qui traînaient dans les rues ou simplement y jouaient…
Vidéo 30min interview sur ce thème avec Marion Sigaut
Les enfants disparaissaient par milliers. Ces gens là avaient la main mise sur des enfants qui rentraient dans l’hôpital général, et qui disparaissaient… (…) Sur ceux qui rentrent des centaines et des centaines disparaissent littéralement. Il y a vraisemblablement des affaires de mœurs à l’Hôpital général : L’hôpital général était au cœur d’un gigantesque trafic d’enfant…
"Pourquoi, brusquement on se met à enlever [service de police] des enfants dans la rue ?"
Cela coïncide exactement au moment où l’hôpital général se met en grève suite à l’arrivée de l’archevêque de Paris nommé pour y faire un contrôle." Ca a duré, jusqu’à ce qu’il y ait un enlèvement de trop. Un policier est pris en chasse par un parent et sa famille et l’affaire éclate…
Ces enlèvements ont conduit le peuple de Paris à se révolter sous la forme d’une guerre civile "la marche rouge" (par équivalence avec la "marche blanche" belge relative à l’affaire Dutroux) mais extrêmement sanglante…
Les domestiques ont pris les armes et ont fait la chasse à l’enleveur d’enfants. Il y a eu de très grosses émeutes sur Paris.
Il y a eu un procès (abominablement truqué). Condamnation des enleveurs d’enfants à 3 livres d’amende ! (Marion Sigaut)
Après cette période, l’enfant est éduqué en famille pour la plus grande majorité des enfants, il y apprend le métier de son père avant de devenir compagnon à son adolescence. L’éducation dans les collèges religieux est réservée à l’aristocratie ou la grande bourgeoisie. 200 Établissements scolaires jésuites existaient avant leur interdiction en 1763. L’éducation y était régie par le Ratio Studiorum ( plan des études ). Les obligations des élèves y étaient très détaillées y compris celles pour dormir la nuit. Le châtiment corporel y était pratiqué fréquemment. Le redressement des corps humains procédait au redressement moral, chacun devenant son propre censeur, tout au long de sa vie, une fois qu’il y avait été corrigé par la règle éducative.(Michel Foucault Surveiller et punir).
L’enfermement est de la compétence du parlement de Paris qui gère l’Hôpital Général et des lettres de cachets qui sont produites par le lieutenant de police à Paris. L’hôpital n’est pas un lieu de soin mais une prison et un hospice. Le terme infirmerie provient du mot latin firmus qui à la même étymologie que le mot fermer: Firmus: ferme au moral et au physique → ( verbe )Firmare ; rendre ferme, solide, en ancien français Enfermerie → Infirmerie[4] Le code pénal de 1791 envisage le mineur comme un auteur de violences potentiel qu’il faut dissuader par des menaces de sanctions exemplaires[5].
source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_travail_social_en_France
Hopital Général « Les enfants sous tutelle sous l’Ancien Régime : des secrets bien gardés » (avril 2013)
[pour aller plus loin.. ] 2h00 conférence au sujet des "Lumières" XVIIIe. (juin 2012)
Conférence de Marion Sigaut – L’affaire Damiens : une affaire de mœurs ? (Réseau pédocriminel élitiste au 18° siècle)
Du même auteur (Marion Sigaut)..
Pour aller plus loin…